C’est à l’initiative du Parc naturel régional des Alpilles qu’était organisé mercredi 17 novembre une soirée débat à Sénas sur le thème de la préservation des terres agricoles. Organisée avec l’association Terre de liens PACA et l’ADEAR 13, Association pour le développement de l’emploi agricole et rural, l’évènement a rassemblé près de 100 participants parmi lesquels des élus du territoire, des représentants de la SAFER et d’organisations syndicales ainsi que des agriculteurs locaux.
Le Parc des Alpilles, acteur majeur du territoire pour le développement d’une agriculture durable
En introduction de la soirée, Eric BLOT, directeur du Parc naturel régional des Alpilles a rappelé que cet évènement s’inscrivait dans le cadre du projet LEADER « Favoriser l’appropriation et la connaissance des enjeux liés au foncier pour le maintien d’une agriculture vivante », financé par l’Europe et porté par le Pays d’Arles. Plus largement, depuis sa création en 2007, le Parc des Alpilles a fait de ce sujet, un enjeu majeur du territoire soumis à une importante pression foncière et travaille sur le sujet grâce notamment à un large réseau de partenaires et d’acteurs et à son ingénierie financière lui permettant de trouver les financements pour mener à bien de nombreux projets dans le domaine agricole.
Pour le Parc des Alpilles, le développement d’une agriculture dynamique et durable permet de maintenir la vitalité économique du territoire et d’assurer la production d’une alimentation locale de qualité. C’est également en enjeu majeur dans le maintien de nos paysages et de la richesse environnementale des Alpilles.
La moitié de la superficie du Parc est consacrée à l’agriculture et au pastoralisme, soit environ 22 000 hectares. En 15 ans, le Parc a perdu 150 hectares de terrains agricoles. C’est beaucoup mais moins que les moyennes nationales. Pour autant on ne peut pas se satisfaire de ce chiffre. Les défis à venir restent nombreux au regard du vieillissement de la population agricole qui pose la question de la transmission et de la disponibilité des terres.
La volonté politique du territoire en la matière n’a jamais été aussi forte et s’exprime au travers du nouveau projet de Charte du Parc, actuellement en cours de révision, puisque le document a inscrit noir sur blanc dans ses objectifs « stopper » la consommation de terres agricoles sur son territoire et en particulier celle des terres irrigables. Déjà en action, des communes comme le Paradou et Sénas, avec l’appui du Parc, viennent ou sont en cours de classement de tout ou partie de leur zone agricole en ZAP, Zone Agricole Protégée, préservant durablement la vocation agricole de ces espaces.
Trouver des terres agricoles, un parcours du combattant
Après la projection du documentaire « La guerre des terres », d’Anne Bruneau tourné dans les Hauts de France en 2018 avec des témoignages d’agriculteurs qui se battent pour trouver des terres, une table ronde réunissant Malika POROT et Laetitia LERAS, porteuses de projets agricoles, Joël GUITARD, porte-parole de l’association Terre de Liens PACA, Terry CHABERT, élu en charge du projet de foncier agricole sur la commune de Sénas ainsi que Christophe CAMPANELLI, directeur de la SAFER des Bouches-du-Rhône, a permis de nourrir des discussions riches entre la salle et les intervenants.
La table ronde a débuté par les récits d’expériences des deux porteuses de projet pour trouver des terres agricoles. Malika, qui souhaite produire des plantes aromatiques et médicinales a relaté son parcours compliqué pendant 5 ans pour monter son projet et trouver des terres, réussissant au final avec l’aide de la SAFER à s’installer sur 6000m². Laetitia ambitionne elle de développer dans les Alpilles une champignonnière et un parcours pédagogique. Elle recherche pour cela une friche boisée et a dû s’armer de patience pour faire accepter son projet et trouver les bons interlocuteurs. C’est finalement grâce au travail conjoint du Parc, de la Chambre d’Agriculture et de la SAFER qu’elle voit le bout du tunnel.
L’occasion lors de cette soirée de rappeler le rôle de la SAFER qui assure la transparence, la régulation et l’arbitrage des terres agricoles et de Terre de liens, association qui œuvre à la répartition équitable des terres et lutte contre la diminution des surfaces agricoles en accompagnant les communes dans l’élaboration de leurs documents d’urbanisme ou en accompagnant un financement citoyen participatif pour permettre à des porteurs de projets d’acquérir des terres.
Enfin, Terry CHABERT, élu à la commune de Sénas a exposé les projets de sa commune notamment le travail mené avec le Parc sur la remise en culture de friches et la création d’une ZAP de 2000 hectares.
Les débats nourris ont reflété la complexité d’un secteur protéiforme avec des problématiques complexes et imbriquées qui dépassent largement le seul sujet du foncier agricole. La question du juste prix des produits et de leur régulation, de l’hébergement et de la rémunération des ouvriers agricoles, de la diversification des activités, des enjeux de santé publique ou encore des conflits d’usage entre agriculteurs et néo-ruraux sont autant de sujets connexes qui préoccupent le monde agricole.
Le secteur agricole français fait face à des enjeux majeurs, économiques, sociaux, environnementaux et sanitaires, pour autant une nouvelle dynamique est en train de naître et il faut l’accompagner par la valorisation des métiers, la sensibilisation des consommateurs ou encore la promotion d’une alimentation de qualité.
Une vision positive en fin de débat avec des perspectives volontaristes, exprimées pour les Alpilles au travers de sa future Charte.
Les programmes LEADER « Liaison Entre Actions de Développement de l’Économie Rurale » sont des programmes européens de développement rural.